Histoire d’écrire #5 Pourquoi écrire ?

Pourquoi écrire ?

Question simple, response évidente, non ? Et pourtant…

Ce qui nous secoue les tripes, qui nous fait prendre le stylo, le clavier est généralement une ramification d’envie, de désir et d’ambition, plus ou moins avouables. Et avant de commencer à poser le moindre mot d’une histoire, il est important de regarder, avec lucidité, honnêteté et humilité, nos raisons profondes. Introspection.

Pourquoi ??

L’envie d’écrire.

Voici la raison la plus simple, la plus évidente, et en même temps la moins explicable. On écrit par ce qu’on a envie d’écrire, point. On ne s’est jamais posé la question plus que cela. Ensemble, réflechissons à ce que cela signifie.

Mais en fait, ça veut dire quoi, l’envie d’écrire ?

Ce peut être le besoin de s’isoler, l’envie de créer son propre univers, l’apaisement que procure une pluie de crépitement de doigts sur un clavier, ou le feulement d’un stylo sur une feuille. Dans tous les cas, on aime ces moments où on se retrouve avec soi-même, en fait, avec beaucoup de personnes à l’intérieur de soi.

Je ne vais pas m’épancher longtemps sur les bienfaits de l’écriture pour soi, même si on pourrait effectivement en faire un article entier : écrire permet de se calmer, d’optimiser sa concentration, de favoriser son imagination. Et si on veut écrire une histoire, c’est fondamentale. Mais je vais mettre de petites mises en garde, pour que vous puissiez plus facilement les éviter.

Les limites de l’envie d’écrire :

Avoir envie d’écrire, c’est fondamental. Le piège, c’est de se cantonner uniquement aux choses de l’écriture qui nous fond plaisir. Pas de relecture. Pas d’introspection. Peu de remises en question. On écrit, c’est tout. Or, si on veut une œuvre considérée comme aboutit, voir publiable, il faudra forcément passer par des moments moins faciles, où ce que nous faisons s’apparente plus à une corvée qu’une envie d’écrire. Je vous apprendrai comment faire passer ces moments plus contraignants pour quelque chose de plus plaisants :).

Beaucoup de gens écrivent pour s’échapper du monde extérieur. Ce dernier peut être inquiétant, difficile, compliqué pour beaucoup de gens, qu’ils s’agissent des problèmes globaux (pauvreté, guerre, inquiétudes climatiques), ou des drames plus personnels. Mais attention, il ne faut pas que ce refuge devienne une prison. Il faut que ce replis dans notre imaginaire soit le meilleur moyen de se déployer par la suite, plus confiant en nous-même et nos capacités. Je parle bien sûr d’une opinion personnelle, mais je pense qu’il est très tentant de partir dans l’écriture pour éviter de régler des problèmes qui, s’ils ne sont pas résolus, nous ferons souffrir davantage par la suite : parler à quelqu’un, changer de travail, quitter quelque chose. Certaines choses sont, malheureusement, inévitables, un décès, une situation difficile. L’écriture peut être un rempart à un effondrement intérieure. Mais il y a des moments où vous savez que vous pouvez agir sur votre environnement, même si c’est difficile. Dès lors, les délices de l’écriture, au lieu de vous renforcer, vous retiennent, et vous empêcent d’avancer.

Sachez ce qui est important pour vous en dehors de l’écriture. Je ne crois pas au mythe qu’il est important de souffrir pour écrire. Le bonheur inspire, même pour de tristes histoires. Et vous verrez, régler les problèmes autres que ceux de votre livre en cours de rédacton vous apportera un apaisement, et du recul pour votre histoire. Et c’est primordial. Nous y reviendrons :).

Écrire pour être connu et reconnu

Je vous l’ai dit, dans cet article, il faut être honnête avec soi-même ! Est ce qu’au fond de vous, vous n’écrivez pas car vous désirez qu’on vous reconnaisse dans la rue, en disant qu’on a adoré votre roman ? Où qu’on vous invite aux salons, voir dans des émissions ? Et bien, vous savez quoi ? Il n’y a aucun mal à cela ! Si vous faite quelque chose dont vous êtes fier et, qu’en plus, les gens reconnaissent votre travail, kiffez, bon sang !

Sur une variation plus intimiste, il est possible que vous ne trouviez pas votre place dans ce monde. Et que l’écriture, la création d’un livre qui vous parle vraiment, qui est vraiment vous, c’est important. Vous pourrez dire :

« Ce livre, c’est moi ».

Les limites de ces raisons.

Toute raison d’écrire à ses limites. L’idée n’est bien sûr pas de faire disparaître votre motivation, mais d’éviter les écueils que chaque raison porte intrinsèquement au sein d’elle.

Si vous n’écrivez que pour être connu, franchement, n’écrivez pas :). Apprenez la guitare, montez un groupe, créez une appli, faîtes une vidéo virale, ce que vous voulez, mais n’écrivez pas. Des hordes de fans ne vous courreront pas après dans la rue :). Ecrire un livre, c’est long. Interfeel, c’était deux ans. Pour un succès très relatif (on verra plus tard les péripéties de la publication), ça fait cher payé.

Si vous écrivez pour, justement, cette idée de créer quelque chose qui vous ressemble, encore une fois, c’est très bien. Mais je reviens sur ce que j’ai dit plus tôt : il ne faut pas que l’écriture soit le prétexte pour ne pas tenter l’aventure sur d’autres sentiers de la vie. Vous vallez bien plus que ce que vous imaginez ! Tentez, tentez ! Et ne vous inquiétez pas, votre envie d’écriture ne partira pas si vous parvenez à vous épanouir également ailleurs. Au contraire. Vous y reviendrez, plus serein, plus sereine.

Écrire pour l’argent

Bon, alors, si c’est pour l’argent que vous voulez écrire, je vous arrête tout de suite : ça ne marche pas :). Pour un petit rappel, l’auteur gagne (environ) 10 % du prix de son livre (donc pour un livre à 20 euros, ça fait deux euros). Je vous laisse imaginer le nombre de livres qu’il faut vendre pour rouler sur l’or ! Certes, il y a les interventions et débats, qui sont rémunérés, et ce qu’on appelle l’à-valoir, de l’argent avancé par la maison d’Edition en signature de contrat, mais ça ne suffit pas. Parmi tous les collègues rencontrés sur les salons, certains vivent de leur plume ou de leur pinceau, ce qui est génial pour eux, mais il n’y a pas beaucoup d’Amélie Nothomb ou de Michel Houlbeck, rentrée d’argent parlant.

J’ai voulu parler de cette raison (même si je pense qu’elle est ultra minoritaire parmis vous, apprentis écrivaines et écrivains), car c’est l’une des deux questions principales qu’on me pose lorsque je fais des interventions en classe ! (Avec : « Mais monsieur, en fait, vous avez quel âge ? »)


Et moi alors ?

Il ne serait pas très honnête de ma part de vous expliquer tous ces principes sans parler de mes propres motivations !

Mais au fait, pourquoi Interfeel ?

Pourquoi j’ai écrit Interfeel ? Mes motivations sont doubles : j’adore construire. Ici, des histoires. J’aime voir les projets aboutir et, j’avoue, avoir un sentiment de fierté quand c’est le cas. Aussi, quand j’ai remporté le concours PKJ pour écrire Interfeel, j’étais bien content !

J’aime faire vibrer le lecteur, le voir trembler et, grand cinéphile et pas mal sérivore, j’adore jouer avec le suspens et les sentiments du lecteur / spectateur (pour un livre qui parle des émotions, c’est plutôt normal !)

En parallèle à ce souhait, je souhaite donner à réfléchir. Pas  être moralisateur (ce que je ne supporte pas), mais simplement réfléchir. Dans Interfeel, je ne prend personnellement pas d’avis sur l’utilisation du réseau (même si j’en fait, bien sûr, passer à travers mes personnages). Aucun personnage n’est blanc, ou noir, tout comme leurs opinions. Je préfère que la lectrice, le lecteur, se fasse sa propre opinion.

Divertir et faire réfléchir. En gros, voici les deux mamelles de mes projets de création littéraire.

Et vous, pourquoi écrivez-vous ?

Assez parlé de moi ! Désormais, l’espace commentaire vous ouvre les bras ! Et vous, pourquoi écrivez-vous ? N’hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de cet article, et vos propres raisons. Et si vous ne voulez pas exposer cela en public, vous pouvez également m’envoyer un email (« contact »), je vous répondrais !

A bientôt !

Antonin A.

A propos Antonin Atger

Ecrivain, mon livre Interfeel est disponible aux Editions Pocket Jeunesse : https://www.lisez.com/livre-grand-format/interfeel/9782266248280
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