Les premiers mots d’une histoire sont important. Essentiels, même, car non seulement ils donneront envie – ou non – au lecteur de continuer, mais en plus, ils lui montreront également l’ambiance que vous voulez mettre, la tonalité à laquelle vous voulez faire résonner (et raisonner) votre texte.
Comme d’habtitude, nous parlons ici principalement des romans. Mais ces principes s’appliquent également aux films, même si, nous le verrons, des différences doivent être établis.
Nous allons voir plusieurs manières de commencer une histoire. Bien sûr, ce sont des catégories abstraites. Bien sûr, il y en a d’autres. Mais je pense que cette liste sera un bon moyen de défricher les possibilités qui s’ouvrent à vous, quand vous commencer à écrire !
Commencer de manière chronologique
On commence par le plus simple : par le début. Les premiers chapitres se font de manière narratives, chronologiquement. Présentant les personnages, la situation, les problèmes à venir. Les exemples sont légions, et je veux en citer deux, évidents : le Seigneur des Anneaux, et Harry Potter.
Pourquoi ? Parce que non seulement on commence par le début, mais également par une présentation de l’univers original : la Comté pour le SdA, les Durlsey pour HP.
Avantage
Les aventages sont nombreux : on prend le temps de placer les personnages, d’expliquer au lecteur quel sera l’univers dans lequel il va se plonger. On le prend, en quelque sorte, par la main. Et cela permets par la suite, d’explorer de nouveaux aspects de cet univers : nos héros vont quitter le Comté, leur environnement familier, pour explorer la Terre du Milieu, et le Mordor. Harry Potter va quitter sa demeure (malheureusement) familière, la maison des Durlsey, pour découvrir Poudlard.
L’idée est donc de commencer petit, et, étape par étape, plonger le lecteur dans un univers de plus en plus grand.
C’est un peu ce que j’ai fait avec Interfeel, où nous nous concentrons sur Nathan et son environnement familier (Le lycée, sa maison, l’utilisation d’Interfeel), avant d’agrandir l’univers.
Inconveniants
Tout lecteur du Seigneur des Anneaux pourra le confirmer : le début est quand même un peu long :). C’est le problème principal qui peut survenir avec ce genre de début : le manque de rythme. L’action ne surviendra que plus tard, lorsque l’univers sera établit. Mais l’intérêt du lecteur peut être déjà partit à ce moment.
Plusieurs solutions subsistent, et Harry Potter les utilisent magistralement bien : instiller du mystère dans cette normalité apparente. Déjà en focalisant le début sur Dumblerdor, un sorcier, donc, et ensuite en créer plusieurs situations où Harry Potter utilise de la magie sans le savoir. L’intérêt du lecteur est piqué : il veut comprendre ce qu’il se passe.
Note importante : commencer au début de l’histoire ne veut pas dire qu’il ne s’est pas passé d’autres choses, avant ! L’aventure de Bilbon Sacquet a eu lieu avant le SdA, et le premier règne de Voldemort se passait avant le premier HP. Et dans Interfeel, la Guerre Numérique a eu lieu 20 ans avant le début. Mais le livre commence en même temps que l’histoire de nos héros.
Comme le montrent mes exemples, ces débuts chronologiques début se trouve très généralement dans le cadre des sagas, c’est à dire les histoires de découlant sur plusieurs Tome. Car, nous le verrons, les autres manières de commencer ne sont pas forcement indiquées pour ce genre d’histoire longue.
Commencer au milieu directement de l’action.
L’idée, là, est de ne pas commencer avec une présentation de l’univers, mais par une action très particulière. Les films d’actions sont particulièrement friants de ce genre de procédé : il permet de révéler par l’image les qualités du héros, sa force, ses faiblesses. Ce procédé est bien moins utilisé dans les livres, puisque le langage visuelle, qui va de pairs avec une scène d’action, n’existe pas, et doit être expliciter. Ce qui veut dire qu’en plus de l’action, il faut en même temps expliquer qui est le héros, sa mission, sa motivation.
Exemples de films commençant directement par une scène d’action :
La scène d’interrogation au Moyen Orient, de Kingsman :
La récupération du sceptre de Loki, dans Avengers 2
Un spiderman s’est caché dans ce gif, saurais-tu le retrouver ?
(Ce dernier exemple est particulier : comme nous connaissons déjà les protagonistes avec le premier film, il est moins difficile de connaître l’univers, la personnalité et les motivations des personnages).
Les avantages.
Directement dans l’action ! Nous devinons l’univers à travers une action bien particulière, qui permet de présenter à la fois les personnages, et l’environnement. Sur le plan visuel (car ce procédé est surtout effectué au cinéma pour les films d’action), le but est d’accrocher directement le spectateur, pour ensuite partir sur un passage plus explicatif.
Les inconveniants.
Ce procédé est souvent utilisé dans les films pour une raison particulière : l’action visuelle. Dans un livre, c’est bien plus compliqué, puisque une action racontée, avec des personnages qu’on ne connait pas encoree, n’accroche pas. Et si nous voulons tout mettre en même temps : l’action, les personnages, le but, cela risque de faire un petit gloubiboulga un peu indigeste.
Commencer par un Mac Guffin
Mais qu’est ce qu’un Mac Guffin ?
L’expression, popularisée par Alfred Hitchkock, est un moyen bien particulier de commencer une histoire : les protagonistes, ou les méchants, sont à la recherche d’un objet, ou d’un secret. Mais celui ci ne sera jamais révélé : il n’est que le prétexte pour débuter l’histoire, et sert de détonnateur au moteur narratif.
La malette que vont chercher Jules Winnfield et Vincent Vega dans Pulp Fiction :
On ne sait pas ce qu’il se trouve dans cette malette
La patte de lapin, cherchée par Ethan Hunt, dans Mission Impossible 3
On ne saura jamais ce qu’est cette patte de lapin.
Le disque dur que recherche James Bond, au début de Skyfall
On n’entendra plus parler de ce disque dur, passé le générique
Mais les séries télés ne sont pas en reste : la quasi totalité des épisodes des Simpsons fonctionnent ainsi : le premier tiers de l’histoire proposent une histoire presque sans intérêt, occasion généralement pour Homer Simpson de faire l’idiot, avant de commencer la véritable histoire dans les deux tiers suivants.
Ni vu ni connu !
A ma connaissance, ce procédé est beaucoup moins utilisé dans les livres. Ma théorie, c’est que cette question peut être aisément laissé sans réponse dans un film, emporté par l’action et le divertissement. Dans le livre, le lecteur aime moins avoir des questions sans réponses.
Les avantages
Grace au Mc Guffin, on se lance directement dans l’action ! Mais on n’a pas à se soucier d’expliquer les tenants et les aboutissements de l’action par la suite, puisque cette recherche n’est qu’un pretexte à lancer l’histoire.
Les inconvéniants.
Bien moins utilisé dans les livres, le Mc Guffin possède un problème de taille : il laisse une question irrésolue. Ainsi, il peut passer pour une facilité scénaristique, et provoquer un sentiment d’instatisfaction chez le lecteur.
Commencer par une accroche qui se passe plus tard dans l’histoire (un flash forward)
Attention : je parle bien là d’histoire qui ont une structure narrative, mais dont on va montrer, au début, un passage qui se passe plus tard dans le film ou le livre. Et donc, on relate un évènement qui se passera plus tard. Ensuite, tout l’intérêt du début de l’histoire, c’est d’arriver à ce moment là.
C’est ce qui a lieu dans, par exemple, le film Mission Impossible 3 (ou d’ailleurs, on parle déjà de la patte de lapin) :
L’intérêt est évident : il place directement dans l’action, et donne envie au lecteur, au spectateur, de savoir comment le héros en est arrivé là.
J’utilise également ce procédé dans Interfeel, d’ailleurs, où le livre commence par
Nathan fixait l’embrasure de la fenêtre. Quelques ins‑ tants auparavant, il s’y tenait encore. Puis il avait disparu, comme aspiré par le vide. Après un lourd silence, il y avait eu ce son percutant d’un choc contre le sol, puis le silence oppressant avait repris ses droits. Nathan ne bougeait pas et ne disait rien. Une nouvelle question l’obsédait. Mais il ignorait encore que, pour trou‑ ver des réponses, il irait bien plus loin que tout ce qu’il aurait pu imaginer.
Le lecteur commençant l’histoire souhaite donc savoir quel est cet évènement qui va changer la vie de Nathan.
Les avantages
Les aventages sont, en réalité, les mêmes que la plupart des débuts qui ne suivent pas la chronologie classique : créer une attente chez le spectateur, ou le lecteur. Lui donner envie d’en savoir plus, de comprendre comment on en est arrivé là. On transforme donc le quoi par le pourquoi (ou le comment) : au lieu de voir ce qu’il va se passer, le lecteur, le spectateur va vouloir comprendre pourquoi, et comment, ils en sont arrivés là. Mais un tel choix scénaristique n’est pas sans conséquence.
Les inconveniants
Le problème principal qui survient est, justement, de trop en dire. Car l’ordre des éléments que l’on dispose dans notre histoire va influencer la perception du lecteur : en lisant ce début d’histoire, puis en revenant en arrière, le lecteur ne va pas découvrir notre univers naïvement, mais essayer de noter les indices qui amèneront à cette situation. L’effet de surprise peut donc être atténué. Voyez un peu cela comme une bande annonce qui en dit trop : notre vision du film, lorsqu’on le commence, est altérée, car on sait déjà ce qu’il va se passer. Pour simplifier, on peut dire qu’on troque une accroche du lecteur dès le début, en sacrifiant la découverte future qu’il fera ensuite.
Reprenons la scène de Mission Impossible 3, dans laquelle le regretté Philipp Seymour Hoffman menace la femme de Tom Cruise, dans un décompte plutôt bien foutu et bien joué. Oui, ça accroche dès le début, oui, on veut savoir comment ils en sont arrivés là, qui est ce méchant, est ce que la femme va s’en sortir…
Mais si on n’a pas cela, et qu’on arrive directement à cette scène en cours de film : est ce que l’effet ne serait pas encore plus saisissant ? Voir le héros, jusque ici invincible, désemparé dans cette situation ?
Ce qu’il faut retenir, c’est que l’ordre dans lequel on met les évènements va impacte la reception de notre histoire. A vous donc de choisir en votre âme et conscience l’effet que vous voulez produire sur vos lecteurs 🙂
Pour la petite histoire, c’est la raison pour laquelle je n’ai pas voulu trop en dire dans l’introduction d’Interfeel : je voulais laisser la surprise au lecteur.
Version alternative : commencer par un flash back (un évènement du passé)
Même cas de figure que dans le cas précédent, où l’on a ce qu’on appelle un Fast Forward (diffuser dans le présent un évènement du futur), il est aussi courant de commencer par un Flash Back. L’idée est le même : instiller une pointe de mystère dans la situation initiale du héros qui, normalement, n’est pas (encore) affecté par l’élément perturbateur. Les avantages et les inconvéniants sont généralement les mêmes que dans la situation précédente : on troque l’intérêt du lecteur dès le début, en contrepartie on lui enlève un effet de surprise par la suite.
Mais cette utilisation de Flash back (évènement du passé dont rêve le héros, puis il se révèle par exemple), peut également être un moyen de placer un élément qui enrichit l’histoire du héros, et qu’il aurait été impossible de mettre par la suite, à moins de faire un dialogue forcée entre deux protagonistes, ou une introspection qui n’a pas sa place dans le récit. Encore une fois, c’est à vous de voir ce que vous voulez faire !
Conclusion
C’est donc à vous, auteur, autrice, de décider : soit vous proposez au lecteur de découvrir ce qu’il va arriver (en faisant une narration chronologique), qui a faire un début d’histoire lent mais nécessaire, , soit il lui propose de voir comment cela va arriver (en plaçant des indices du futur de l’histoire au début). MAIS, je vous en prie, ne gâchez pas une bonne révélation de votre livre simplement pour accrocher le lecteur en tout début. Le jeu n’en vaut pas la chandelle.
Je reviens un peu sur la notion de saga : celles ci utilisent génaralement une trame chronologique, puisque l’intérêt c’est, justement, une quête. Auquel cas le point culminant de l’histoire se trouvera à la résolution de la quête (brûler l’anneau, détruire Voldemort). Ainsi, jouer du Flash Forward, c’est à dire expliciter l’un des points culminants au tout début de l’histoire, pose soucis, puisque généralement, ce point culminant est la résolution de l’histoire, quelques livres plus tard !
Ces différents procédés (fast forward, flashback, Mc Guffins), sont principalement utilisé au début, mais peuvent aussi être utilisés en cours d’histoire. Deux films utilisent magistralement ce concept de chronologie destructurées, qui non seulement donnent un intérêt décuplé à l’histoire, mais montrent également que la narration chronologique n’est pas une obligation. Encore une fois, c’est un choix.
Memento
Memento est un film, littéralement, et dans sa quasi totalité, monté à l’envers. Nous commençons donc par la fin de l’histoire, et nous remontons l’histoire du personnage. Cette construction est indispensable à l’oeuvre, puisqu’elle suit la pathologie du protagoniste, qui ne se souvient que des 5 dernières minutes de sa vie. C’est l’ordre même des évènements placés dans l’histoire – anté chronologique, qui donne tout son sel au film.
Alabama Monroe
De même, dans l’excellent film Alabama Monroe, suivant les aventures amoureuses de Didier, joueur de Blue Grass, et d’Elise, chanteuse. le réalisateur Felix Van Groeningen avait effectué un premier montage linéaire, mais, déçu du rendu, lui a préféré une construction a-chronologique… ce qui donne une expérience cinématographique extrêmement différente et, à mon sens, bien meilleur.
Deux films que je recommande !
A bientôt
Antonin A.
—-
J’espère que ce conseil d’écriture vous a plu !
Rappel : vous pouvez recevoir les prochains directement dans votre boîte de réception, en vous abonnant à ce blog en haut à droite de cette page (garantie sans spam ;)).
Si vous aimez ces articles, le meilleur moyen de me soutenir, c’est de le partager sur vos réseaux sociaux favoris ;).
Histoire d’écrire #18 Comment commencer une histoire ?
Les premiers mots d’une histoire sont important. Essentiels, même, car non seulement ils donneront envie – ou non – au lecteur de continuer, mais en plus, ils lui montreront également l’ambiance que vous voulez mettre, la tonalité à laquelle vous voulez faire résonner (et raisonner) votre texte.
Comme d’habtitude, nous parlons ici principalement des romans. Mais ces principes s’appliquent également aux films, même si, nous le verrons, des différences doivent être établis.
Nous allons voir plusieurs manières de commencer une histoire. Bien sûr, ce sont des catégories abstraites. Bien sûr, il y en a d’autres. Mais je pense que cette liste sera un bon moyen de défricher les possibilités qui s’ouvrent à vous, quand vous commencer à écrire !
Commencer de manière chronologique
On commence par le plus simple : par le début. Les premiers chapitres se font de manière narratives, chronologiquement. Présentant les personnages, la situation, les problèmes à venir. Les exemples sont légions, et je veux en citer deux, évidents : le Seigneur des Anneaux, et Harry Potter.
Pourquoi ? Parce que non seulement on commence par le début, mais également par une présentation de l’univers original : la Comté pour le SdA, les Durlsey pour HP.
Avantage
Les aventages sont nombreux : on prend le temps de placer les personnages, d’expliquer au lecteur quel sera l’univers dans lequel il va se plonger. On le prend, en quelque sorte, par la main. Et cela permets par la suite, d’explorer de nouveaux aspects de cet univers : nos héros vont quitter le Comté, leur environnement familier, pour explorer la Terre du Milieu, et le Mordor. Harry Potter va quitter sa demeure (malheureusement) familière, la maison des Durlsey, pour découvrir Poudlard.
L’idée est donc de commencer petit, et, étape par étape, plonger le lecteur dans un univers de plus en plus grand.
C’est un peu ce que j’ai fait avec Interfeel, où nous nous concentrons sur Nathan et son environnement familier (Le lycée, sa maison, l’utilisation d’Interfeel), avant d’agrandir l’univers.
Inconveniants
Tout lecteur du Seigneur des Anneaux pourra le confirmer : le début est quand même un peu long :). C’est le problème principal qui peut survenir avec ce genre de début : le manque de rythme. L’action ne surviendra que plus tard, lorsque l’univers sera établit. Mais l’intérêt du lecteur peut être déjà partit à ce moment.
Plusieurs solutions subsistent, et Harry Potter les utilisent magistralement bien : instiller du mystère dans cette normalité apparente. Déjà en focalisant le début sur Dumblerdor, un sorcier, donc, et ensuite en créer plusieurs situations où Harry Potter utilise de la magie sans le savoir. L’intérêt du lecteur est piqué : il veut comprendre ce qu’il se passe.
Note importante : commencer au début de l’histoire ne veut pas dire qu’il ne s’est pas passé d’autres choses, avant ! L’aventure de Bilbon Sacquet a eu lieu avant le SdA, et le premier règne de Voldemort se passait avant le premier HP. Et dans Interfeel, la Guerre Numérique a eu lieu 20 ans avant le début. Mais le livre commence en même temps que l’histoire de nos héros.
Comme le montrent mes exemples, ces débuts chronologiques début se trouve très généralement dans le cadre des sagas, c’est à dire les histoires de découlant sur plusieurs Tome. Car, nous le verrons, les autres manières de commencer ne sont pas forcement indiquées pour ce genre d’histoire longue.
Commencer au milieu directement de l’action.
L’idée, là, est de ne pas commencer avec une présentation de l’univers, mais par une action très particulière. Les films d’actions sont particulièrement friants de ce genre de procédé : il permet de révéler par l’image les qualités du héros, sa force, ses faiblesses. Ce procédé est bien moins utilisé dans les livres, puisque le langage visuelle, qui va de pairs avec une scène d’action, n’existe pas, et doit être expliciter. Ce qui veut dire qu’en plus de l’action, il faut en même temps expliquer qui est le héros, sa mission, sa motivation.
Exemples de films commençant directement par une scène d’action :
La scène d’interrogation au Moyen Orient, de Kingsman :
La récupération du sceptre de Loki, dans Avengers 2
(Ce dernier exemple est particulier : comme nous connaissons déjà les protagonistes avec le premier film, il est moins difficile de connaître l’univers, la personnalité et les motivations des personnages).
Les avantages.
Directement dans l’action ! Nous devinons l’univers à travers une action bien particulière, qui permet de présenter à la fois les personnages, et l’environnement. Sur le plan visuel (car ce procédé est surtout effectué au cinéma pour les films d’action), le but est d’accrocher directement le spectateur, pour ensuite partir sur un passage plus explicatif.
Les inconveniants.
Ce procédé est souvent utilisé dans les films pour une raison particulière : l’action visuelle. Dans un livre, c’est bien plus compliqué, puisque une action racontée, avec des personnages qu’on ne connait pas encoree, n’accroche pas. Et si nous voulons tout mettre en même temps : l’action, les personnages, le but, cela risque de faire un petit gloubiboulga un peu indigeste.
Commencer par un Mac Guffin
Mais qu’est ce qu’un Mac Guffin ?
L’expression, popularisée par Alfred Hitchkock, est un moyen bien particulier de commencer une histoire : les protagonistes, ou les méchants, sont à la recherche d’un objet, ou d’un secret. Mais celui ci ne sera jamais révélé : il n’est que le prétexte pour débuter l’histoire, et sert de détonnateur au moteur narratif.
Plus d’informations sur la page Wikipédia.
Les exemples sont légions dans les films :
La malette que vont chercher Jules Winnfield et Vincent Vega dans Pulp Fiction :
La patte de lapin, cherchée par Ethan Hunt, dans Mission Impossible 3
Le disque dur que recherche James Bond, au début de Skyfall
Mais les séries télés ne sont pas en reste : la quasi totalité des épisodes des Simpsons fonctionnent ainsi : le premier tiers de l’histoire proposent une histoire presque sans intérêt, occasion généralement pour Homer Simpson de faire l’idiot, avant de commencer la véritable histoire dans les deux tiers suivants.
A ma connaissance, ce procédé est beaucoup moins utilisé dans les livres. Ma théorie, c’est que cette question peut être aisément laissé sans réponse dans un film, emporté par l’action et le divertissement. Dans le livre, le lecteur aime moins avoir des questions sans réponses.
Les avantages
Grace au Mc Guffin, on se lance directement dans l’action ! Mais on n’a pas à se soucier d’expliquer les tenants et les aboutissements de l’action par la suite, puisque cette recherche n’est qu’un pretexte à lancer l’histoire.
Les inconvéniants.
Bien moins utilisé dans les livres, le Mc Guffin possède un problème de taille : il laisse une question irrésolue. Ainsi, il peut passer pour une facilité scénaristique, et provoquer un sentiment d’instatisfaction chez le lecteur.
Commencer par une accroche qui se passe plus tard dans l’histoire (un flash forward)
Attention : je parle bien là d’histoire qui ont une structure narrative, mais dont on va montrer, au début, un passage qui se passe plus tard dans le film ou le livre. Et donc, on relate un évènement qui se passera plus tard. Ensuite, tout l’intérêt du début de l’histoire, c’est d’arriver à ce moment là.
C’est ce qui a lieu dans, par exemple, le film Mission Impossible 3 (ou d’ailleurs, on parle déjà de la patte de lapin) :
L’intérêt est évident : il place directement dans l’action, et donne envie au lecteur, au spectateur, de savoir comment le héros en est arrivé là.
J’utilise également ce procédé dans Interfeel, d’ailleurs, où le livre commence par
Le lecteur commençant l’histoire souhaite donc savoir quel est cet évènement qui va changer la vie de Nathan.
Les avantages
Les aventages sont, en réalité, les mêmes que la plupart des débuts qui ne suivent pas la chronologie classique : créer une attente chez le spectateur, ou le lecteur. Lui donner envie d’en savoir plus, de comprendre comment on en est arrivé là. On transforme donc le quoi par le pourquoi (ou le comment) : au lieu de voir ce qu’il va se passer, le lecteur, le spectateur va vouloir comprendre pourquoi, et comment, ils en sont arrivés là. Mais un tel choix scénaristique n’est pas sans conséquence.
Les inconveniants
Le problème principal qui survient est, justement, de trop en dire. Car l’ordre des éléments que l’on dispose dans notre histoire va influencer la perception du lecteur : en lisant ce début d’histoire, puis en revenant en arrière, le lecteur ne va pas découvrir notre univers naïvement, mais essayer de noter les indices qui amèneront à cette situation. L’effet de surprise peut donc être atténué. Voyez un peu cela comme une bande annonce qui en dit trop : notre vision du film, lorsqu’on le commence, est altérée, car on sait déjà ce qu’il va se passer. Pour simplifier, on peut dire qu’on troque une accroche du lecteur dès le début, en sacrifiant la découverte future qu’il fera ensuite.
Reprenons la scène de Mission Impossible 3, dans laquelle le regretté Philipp Seymour Hoffman menace la femme de Tom Cruise, dans un décompte plutôt bien foutu et bien joué. Oui, ça accroche dès le début, oui, on veut savoir comment ils en sont arrivés là, qui est ce méchant, est ce que la femme va s’en sortir…
Mais si on n’a pas cela, et qu’on arrive directement à cette scène en cours de film : est ce que l’effet ne serait pas encore plus saisissant ? Voir le héros, jusque ici invincible, désemparé dans cette situation ?
Ce qu’il faut retenir, c’est que l’ordre dans lequel on met les évènements va impacte la reception de notre histoire. A vous donc de choisir en votre âme et conscience l’effet que vous voulez produire sur vos lecteurs 🙂
Pour la petite histoire, c’est la raison pour laquelle je n’ai pas voulu trop en dire dans l’introduction d’Interfeel : je voulais laisser la surprise au lecteur.
Version alternative : commencer par un flash back (un évènement du passé)
Même cas de figure que dans le cas précédent, où l’on a ce qu’on appelle un Fast Forward (diffuser dans le présent un évènement du futur), il est aussi courant de commencer par un Flash Back. L’idée est le même : instiller une pointe de mystère dans la situation initiale du héros qui, normalement, n’est pas (encore) affecté par l’élément perturbateur. Les avantages et les inconvéniants sont généralement les mêmes que dans la situation précédente : on troque l’intérêt du lecteur dès le début, en contrepartie on lui enlève un effet de surprise par la suite.
Mais cette utilisation de Flash back (évènement du passé dont rêve le héros, puis il se révèle par exemple), peut également être un moyen de placer un élément qui enrichit l’histoire du héros, et qu’il aurait été impossible de mettre par la suite, à moins de faire un dialogue forcée entre deux protagonistes, ou une introspection qui n’a pas sa place dans le récit. Encore une fois, c’est à vous de voir ce que vous voulez faire !
Conclusion
C’est donc à vous, auteur, autrice, de décider : soit vous proposez au lecteur de découvrir ce qu’il va arriver (en faisant une narration chronologique), qui a faire un début d’histoire lent mais nécessaire, , soit il lui propose de voir comment cela va arriver (en plaçant des indices du futur de l’histoire au début). MAIS, je vous en prie, ne gâchez pas une bonne révélation de votre livre simplement pour accrocher le lecteur en tout début. Le jeu n’en vaut pas la chandelle.
Je reviens un peu sur la notion de saga : celles ci utilisent génaralement une trame chronologique, puisque l’intérêt c’est, justement, une quête. Auquel cas le point culminant de l’histoire se trouvera à la résolution de la quête (brûler l’anneau, détruire Voldemort). Ainsi, jouer du Flash Forward, c’est à dire expliciter l’un des points culminants au tout début de l’histoire, pose soucis, puisque généralement, ce point culminant est la résolution de l’histoire, quelques livres plus tard !
Ces différents procédés (fast forward, flashback, Mc Guffins), sont principalement utilisé au début, mais peuvent aussi être utilisés en cours d’histoire. Deux films utilisent magistralement ce concept de chronologie destructurées, qui non seulement donnent un intérêt décuplé à l’histoire, mais montrent également que la narration chronologique n’est pas une obligation. Encore une fois, c’est un choix.
Memento
Memento est un film, littéralement, et dans sa quasi totalité, monté à l’envers. Nous commençons donc par la fin de l’histoire, et nous remontons l’histoire du personnage. Cette construction est indispensable à l’oeuvre, puisqu’elle suit la pathologie du protagoniste, qui ne se souvient que des 5 dernières minutes de sa vie. C’est l’ordre même des évènements placés dans l’histoire – anté chronologique, qui donne tout son sel au film.
Alabama Monroe
De même, dans l’excellent film Alabama Monroe, suivant les aventures amoureuses de Didier, joueur de Blue Grass, et d’Elise, chanteuse. le réalisateur Felix Van Groeningen avait effectué un premier montage linéaire, mais, déçu du rendu, lui a préféré une construction a-chronologique… ce qui donne une expérience cinématographique extrêmement différente et, à mon sens, bien meilleur.
Deux films que je recommande !
A bientôt
Antonin A.
—-
J’espère que ce conseil d’écriture vous a plu !
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A propos Antonin Atger
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