Pourquoi « bien » terminer ces chapitres ? Et bien, pour répondre à cette question, il faut se demander « Mais c’est quoi, un chapitre ? »
Mais oui, c’est quoi ?
Un chapitre, c’est un bout de votre histoire. Les « règles » d’usages voudraient qu’ils fassent tous la même taille, découpant ainsi le livre de manière régulière. Mais si vous tranchez votre histoire à, exactement, 15 pages et demi, tout simplement car votre livre fait 155 pages et que vous voulez dix chapitres, vous vous doutez bien que ça ne fonctionnera pas. Il faut une raison pour que le lecteur se dise « Ok, là, je comprends que quelque chose vient de se terminer, et quelque chose d’autre va commencer. Il faut qu’il y ait un sens à votre construction de chapitres.
Il existe des constructions « logiques » de chapitre. S’il y a deux narrateurs, et que les chapitres oscillent naturellement de l’un à l’autre (exemple : la fille du train). Ou plusieurs narrateurs qui se passent la parole tel un relai (exemple : Game of Throne – enfin : a song of Ice and Fire).
Idem si l’histoire se passe sur plusieurs époques (encore la fille du Train ou plus récemment, « Nous sommes l’étincelle »)

Prenons, pour l’instant, une histoire plus classique, avec un seul narrateur, et une histoire chronologique. Et dans ce cas :
Comme découper son histoire en chapitres ?
Une fois n’est pas coutume, je vais commencer par la propre expérience, inspirée, je pense, par les polars, et la structure narrative des séries. Et pour cela, il faut parler des arcs narratifs.
Qu’est ce qu’un arc narratif
Qu’est ce qu’un « arc narratif » ? Un fragment d’histoire, plus ou moins grand, qui contient sa situation initiale, sa problématique, ses épreuves et sa résolution.
Il est possible qu’un roman, ou n’importe quelle histoire, ne contiennent qu’un seul arc narratif, mais c’est rare, car c’est un peu pauvre. Généralement des arcs narratifs secondaires, de moindre importance, viennent enrichir l’intrigue principale, et densifier le récit. Il peut s’agir de tout, et de rien : une tension entre deux personnages, qui se resolvera à un moment (opportun) de l’histoire. Parfois, plusieurs arcs narratifs se déploient en parallèle. Parfois, la résolution d’un arc narratif entraine la résolution de l’autre. Si vous êtes familiers de la série « Dr. House », vous savez de quoi je parle. Généralement, le génial et misanthrope docteur comprend la solution d’un problème qui paraît anecdotique, et cela lui donne la réponse pour le problème médical qui leur donnait du fil a retordre depuis le début de l’épisode.

Parfois, enfin, un arc narratif qui paraissait anodin à la base devient insurmontable, ce qui entraîne une surprise assez efficace envers le lecteur (Game of Thrones regorge de ce genre de procédé).
Mais, cher Antonin, allez vous me dire, tout cela c’est bien beau, mais quel rapport avec « Comment terminer ses chapitres » ? Car, et je viens de vérifier, c’est bien de cela dont il est question dans cet article.
Patience, petits chenapans, je vais y venir. Car les deux sont liés ! Reprenons l’exemple des séries : nombre, nombre d’entres elles utilisent un double arc narratif : un premier, principal, que l’on suit durant toute une saison, voir plusieurs saisons. Un autre, plus restrictif, le temps de l’épisode concerné. Pour unique exemple, je vais prendre « The Mentalist », que je n’ai pas vu, mais qui, je sais, utilise bien ce procédé : la recherche de John le Rouge est principale pour le héros. A chaque épisode, également,il va résoudre des arcs narratifs plus restreints. Et une structure en chapitres procède de la même manière : à la fin de chaque chapitre, les questions que vous vous posez en début de chapitre sont résolues (en partie), mais pas l’histoire principale. Par contre, un jeu d’interaction doit jouer entre l’histoire principale et les histoires secondaires.

Ces histoires secondaires n’ont pas besoin d’être indépendantes de l’histoire principale. Elles apportent, peu à peu, des éléments, soit de mystère, soit de réponse, à l’histoire principale. Une enquête policière va être construite ainsi.
Enfin, l’autre raison à cette constrcution en arc, et sous arc narratifs, est de maintenir l’intérêt du lecteur. Si l’histoire est d’un calme plat pendant 400 pages, et que tout s’explique lors des 50 dernières, certes, l’histoire peut être la meilleure du monde, mais l’ennui peut rapidement gagner le lecteur. Chaque étape de la résolution de l’intrigue principale peut, donc être une histoire en soit, qui enrichit la principale.
Concilier les chapitres, leurs fins, et les arcs narratifs de votre histoire.
J’utilise abondamment ce procédé dans Interfeel : A la fin du chapitre 1, la présentation d’Interfeel est fait, mais je sous-entends qu’elle n’est pas sans poser problème. A la fin du deux : perturbation de la trame principale. Chapitre 3 : interventions des Forces Spéciales, etc..
Une histoire bien construite est donc un agrégat interessant d’arcs narratifs mineurs qui, mis bout à bout (sous la forme de chapitres, donc), créé l’histoire principale, sans la perdre dans les détails, sans ajouter des contraintes « pour la forme ».
Car c’est l’écueil que peuvent avoir certains livres, ou certaines séries : le cliffhanger de fin de chapitre (dont personnellement, je raffole), mais qui ajoute des arcs narritifs accessoires, et inutiles. Ça va marcher une fois, deux fois, puis le lecteur va réaliser que vous vous foutez un peu de lui (et il aura raison :)).
Prenons un exemple :
Il se retourna et soudain il vit…
Le lecteur se dit bon sang : une nouvelle peripétie ! Mais que va-t-il advenir de notre héros ??
Chapitre suivant :
… Qu’il avait oublié son portable sur le bureau !
Vous pouvez sentir poindre la déception dans les yeux du lecteur :). Je vous laisse devinez quelles séries usent et abusent de ce principe de trames annexes, simplement pour faire apparaître un bon gros cliffhanger à la fin (je ne citerais aucun nom, sinon je parlerais des séries créées par JJ Abrahams – je l’aime bien, c’est pourquoi je le charrie autant !).

Donc pour conclure, un chaptre, c’est l’équivalent en musique d’un phrasé : un univers propre, riche en lui-même, avec ce qu’il faut de mystère à la fin, ou de résolution, pour donner envie de lire la suite. Et qui ne doit pas donner l’impression de n’être là que pour remplir de la page, ou créer un rythme artificiel, qui ne bluffera pas le lecteur longtemps
Antonin A.
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J’espère que ce conseil d’écriture vous a plu !
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