Nous avons vu la semaine dernière comment etre concis avec le fond de votre histoire. On va se concentrer aujourd’hui sur la forme. Et oui, car comme disait l’autre :
Et un bon livre se distingue par un fond prenant, et une forme fluide.
Pourquoi fait-on des phrases compliquées ?
L’ignorance.
De mon expérience, on commence les phrases alambiquées quand on ne sait pas, nous même, où aller. On espère noyer le poisson de notre ignorance, et que le lecteur ni voit que du feu. On espère qu’au fil de la plume, on trouvera celui de notre histoire. Grave erreur ! On ne fait qu’étaler des tartines de notre méconnaissance, et laisser un sentiment de frustration au lecteur.
Avoir du style. crevindju !
Un préjugé subsiste : pour avoir du style, il faut faire des phrases à rallonge, ou incompréhensible. Vous pouvez. Mais il est possible que vous privilégiez dans ce cas votre égo à la qualité du texte. L’adage « pourquoi faire simple, quand on peut faire compliquer », s’applique ici parfaitement. Mais cherchez vous à impression le lecteur, ou à lui faire vivre une belle histoire ?
Bon, mais alors, comment avoir un style fluide et simple ?
Et bien, en court d’écriture, privilégiez les phrases simples aux phrases bardées de propositions. Oui, c’est un style, oui, ça peut être utilisé, mais c’est comme les aigles dans le Seigneur des Anneaux : il faut les utiliser avec parcimonie, sinon on se sent un peu floué.
Une phrase longue, c’est un peu comme un plan séquence au cinéma. C’est beau, mais c’est surtout impression quand ça sert un propos. Prenons ce plan séquence, culte :
La soif du mal, Orson Welles
Pourquoi est-il extraordinarie (en même temps, nous avons affaire à l’un des cinéastes les plus créatifs de tout temps) ? Car il sert un propos ! Avec cette « information » qu’on nous glisse au début du plan, cette bombe qui va exploser, on sait que le tic tac se poursuit, sans aucune coupure pour nous laisser du répis.
C’est (pour conclure la parenthèse cinématographique), ce qui me pose soucis avec Birdman, film entièrement en plan(s) séquence(s), où cela me semble plus relever de la performance technique que d’une envie de servir un propos.
Bref, phrases longues, pourquoi pas, mais avec parcimonie et sens. Sinon, privilégiez les phrases courtes.
Apprenez à faire confiance à votre lecteur !
Pas la peine de TOUT expliquer, chaque étape, chaque conséquence, il fit un pas, puis l’autre, puis un autre, etc. Sortez les ellipses ! Généralement, les lecteurs comprennent facilement, et comble ce qui n’est pas explicite. Au contraire, tout vouloir expliquer aura un effet lourd et, parfois, redondant (puisqu’ils auront déjà compris ce que vous voulez dire !).
En relecture, comment simplifier votre style ?
Relisez avec amour !
La lecture à haute voix
Les bienfaits de la lecture sont nombreux : on voit si les mots sonnent, et résonnent, bien entre eux. Mais aussi, on se rend compte du superflux. Du mot en trop, qui alourdit la phrase.
Si vous l’osez, lisez votre texte à quelqu’un d’autre. Une petite pression supplémentaire, qui vous permettra, intuitivement, de vous mettre à la place de celui qui écoute (vive l’empathie !). Et alors, vous verrez ce qui n’est pas nécessaire. Attention, choisissez bien votre auditeur, et n’oubliez pas l’adage : il doit être honnête et bienveillant.
(mais dans cet exercice, la personne n’a pas obligatoirement besoin de répondre ou commenter. Le simple fait qu’elle soit là vous fera considérer différemment votre texte.)
Auteur en train de relire son texte devant une foule honnête et bienveillante.
Imposez vous une réduction de votre texte de 10%.
Tout doit disparaître !
Quoi ? Sabrer votre œuvre ? La substantifique moelle de votre esprit ? Oui ! N’ayez pas peur, faite une copie au cas où, et amusez vous à charcuter ! Vous serez surpris de ce que vous pouvez enlever sans dénaturer le style et le sens, AU CONTRAIRE !
Autre avantage : vous verrez que ce texte, que vous pensiez figé dans le marbre littéraire, est souple, et peu s’affiner. Vous parviendrez ainsi à distinguer l’essence de votre texte, et vous verrez qu’elle peut être encore plus claire, avec un peu moins de mots.
Les mots redondants
Nous utilisons beaucoup de mots, qui nous semblent essentiels, mais donc on peut se passer. Qui n’a jamais commencé une phrase par Mais, Puis, Donc, Et. ? Nous mettons ces mots intuitivements, car ils correspondent à notre raisonnement logique (une phrase, PUIS une autre phrase, MAIS imprevus). Or, nous ne cherchons pas à mettre en avant notre réflexion, mais notre histoire ! DONC, essayez cela : supprimez ces mots. Tout simplement. Et que se passe-t-il ? Généralement, au début, vous avez du mal. Vous avez l’impression que quelque chose manque. Demandez, pourtant, à quelqu’un d’autre de lire ce texte nouveau. Demandez lui ensuite de lire la première version, avec toutes ces conjonctions.
y’a pas de mêêê !
Très généralement, la personne préférera la version épurée. Le fond sera le même, le style sera affinée.
N’oubliez pas : pour affiter quoi que ce soit, y compris votre style, il convient d’enlever de la matière… et de faire des étincelles !
La semaine prochaine, nous verrons pour l’article 30 comment s’en sortir lorsqu’on est coincé en court d’histoire !
A bientôt !
Antonin A.
—-
J’espère que ce conseil d’écriture vous a plu !
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RT @Babelio: @AntoninAtger une nouvelle critique de Interfeel, tome 3 : L'odyssée à lire sur Babelio : "Je viens enfin de terminer la tril… 20 hours ago
Histoire d’écrire #29 Simplifier son style d’écriture
Nous avons vu la semaine dernière comment etre concis avec le fond de votre histoire. On va se concentrer aujourd’hui sur la forme. Et oui, car comme disait l’autre :
Et un bon livre se distingue par un fond prenant, et une forme fluide.
Pourquoi fait-on des phrases compliquées ?
L’ignorance.
De mon expérience, on commence les phrases alambiquées quand on ne sait pas, nous même, où aller. On espère noyer le poisson de notre ignorance, et que le lecteur ni voit que du feu. On espère qu’au fil de la plume, on trouvera celui de notre histoire. Grave erreur ! On ne fait qu’étaler des tartines de notre méconnaissance, et laisser un sentiment de frustration au lecteur.
Avoir du style. crevindju !
Un préjugé subsiste : pour avoir du style, il faut faire des phrases à rallonge, ou incompréhensible. Vous pouvez. Mais il est possible que vous privilégiez dans ce cas votre égo à la qualité du texte. L’adage « pourquoi faire simple, quand on peut faire compliquer », s’applique ici parfaitement. Mais cherchez vous à impression le lecteur, ou à lui faire vivre une belle histoire ?
Bon, mais alors, comment avoir un style fluide et simple ?
Et bien, en court d’écriture, privilégiez les phrases simples aux phrases bardées de propositions. Oui, c’est un style, oui, ça peut être utilisé, mais c’est comme les aigles dans le Seigneur des Anneaux : il faut les utiliser avec parcimonie, sinon on se sent un peu floué.
Une phrase longue, c’est un peu comme un plan séquence au cinéma. C’est beau, mais c’est surtout impression quand ça sert un propos. Prenons ce plan séquence, culte :
Pourquoi est-il extraordinarie (en même temps, nous avons affaire à l’un des cinéastes les plus créatifs de tout temps) ? Car il sert un propos ! Avec cette « information » qu’on nous glisse au début du plan, cette bombe qui va exploser, on sait que le tic tac se poursuit, sans aucune coupure pour nous laisser du répis.
C’est (pour conclure la parenthèse cinématographique), ce qui me pose soucis avec Birdman, film entièrement en plan(s) séquence(s), où cela me semble plus relever de la performance technique que d’une envie de servir un propos.
Bref, phrases longues, pourquoi pas, mais avec parcimonie et sens. Sinon, privilégiez les phrases courtes.
Apprenez à faire confiance à votre lecteur !
Pas la peine de TOUT expliquer, chaque étape, chaque conséquence, il fit un pas, puis l’autre, puis un autre, etc. Sortez les ellipses ! Généralement, les lecteurs comprennent facilement, et comble ce qui n’est pas explicite. Au contraire, tout vouloir expliquer aura un effet lourd et, parfois, redondant (puisqu’ils auront déjà compris ce que vous voulez dire !).
En relecture, comment simplifier votre style ?
La lecture à haute voix
Les bienfaits de la lecture sont nombreux : on voit si les mots sonnent, et résonnent, bien entre eux. Mais aussi, on se rend compte du superflux. Du mot en trop, qui alourdit la phrase.
Si vous l’osez, lisez votre texte à quelqu’un d’autre. Une petite pression supplémentaire, qui vous permettra, intuitivement, de vous mettre à la place de celui qui écoute (vive l’empathie !). Et alors, vous verrez ce qui n’est pas nécessaire. Attention, choisissez bien votre auditeur, et n’oubliez pas l’adage : il doit être honnête et bienveillant.
(mais dans cet exercice, la personne n’a pas obligatoirement besoin de répondre ou commenter. Le simple fait qu’elle soit là vous fera considérer différemment votre texte.)
Imposez vous une réduction de votre texte de 10%.
Quoi ? Sabrer votre œuvre ? La substantifique moelle de votre esprit ? Oui ! N’ayez pas peur, faite une copie au cas où, et amusez vous à charcuter ! Vous serez surpris de ce que vous pouvez enlever sans dénaturer le style et le sens, AU CONTRAIRE !
Autre avantage : vous verrez que ce texte, que vous pensiez figé dans le marbre littéraire, est souple, et peu s’affiner. Vous parviendrez ainsi à distinguer l’essence de votre texte, et vous verrez qu’elle peut être encore plus claire, avec un peu moins de mots.
Les mots redondants
Nous utilisons beaucoup de mots, qui nous semblent essentiels, mais donc on peut se passer. Qui n’a jamais commencé une phrase par Mais, Puis, Donc, Et. ? Nous mettons ces mots intuitivements, car ils correspondent à notre raisonnement logique (une phrase, PUIS une autre phrase, MAIS imprevus). Or, nous ne cherchons pas à mettre en avant notre réflexion, mais notre histoire ! DONC, essayez cela : supprimez ces mots. Tout simplement. Et que se passe-t-il ? Généralement, au début, vous avez du mal. Vous avez l’impression que quelque chose manque. Demandez, pourtant, à quelqu’un d’autre de lire ce texte nouveau. Demandez lui ensuite de lire la première version, avec toutes ces conjonctions.
Très généralement, la personne préférera la version épurée. Le fond sera le même, le style sera affinée.
N’oubliez pas : pour affiter quoi que ce soit, y compris votre style, il convient d’enlever de la matière… et de faire des étincelles !
La semaine prochaine, nous verrons pour l’article 30 comment s’en sortir lorsqu’on est coincé en court d’histoire !
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